Face aux défis démographiques, à l’augmentation du commerce international et aux effets du changement climatique, la santé animale est plus que jamais essentielle au développement et au bien-être des populations humaines dans le monde.
Les animaux d’élevage représentent 40% de la valeur de l’agriculture mondiale. Ils assurent les revenus et les moyens de subsistance d’une personne sur cinq1, principalement dans les pays en développement.
Cependant, les maladies animales peuvent réduire considérablement ce potentiel.
L’évaluation de l’impact de ces maladies est capitale pour améliorer notre rapport aux animaux d’élevage et pour construire un monde plus durable.
C’est l’objectif du programme GBADs – Global Burden of Animal Diseases (« l’impact mondial des maladies animales »).
Le programme GBADs permettra de mieux comprendre les systèmes de production animale, y compris dans l’aquaculture, ainsi que leur empreinte sur la société et l’environnement.
Les animaux peuvent être confrontés à toute une série de problèmes de santé et de bien-être.
Bien souvent, les éleveurs doivent les gérer seuls, en particulier les petits exploitants qui ont un accès limité aux services et aux produits de santé animale en raison de contraintes sociales, financières et géographiques.
L‘impact des maladies animales dans le monde est jugé considérable. Cependant, il est très difficile à mesurer. Nous n’avons aujourd’hui qu’une vision limitée et partielle des enjeux économiques majeurs liés à la santé et au bien-être des animaux.
Nous nous efforçons de changer cela.
En rassemblant les données disponibles et en élaborant une méthodologie novatrice, le programme GBADs doit déterminer le poids économique des maladies animales. Les résultats permettront d’orienter les réponses gouvernementales et non gouvernementales aux questions de santé animale.
Nous sommes davantage sensibilisés aux maladies animales très contagieuses, car elles peuvent avoir des répercussions sur le commerce, l’approvisionnement alimentaire, voire sur la santé humaine. De plus, en coulisse, de nombreux autres facteurs jouent un rôle dans la santé et la productivité des animaux. Parmi ceux-ci figurent des facteurs de gestion tels que la nutrition, le risque d’accidents ou de prédation ainsi que les changements environnementaux. Il faut donc dépenser de l’argent pour tenter de prévenir les pertes potentielles ou pour y répondre.
Adapté de Rushton J, Thonton P.K. & Otte M.J. (1999). Methods of economic impact assessment. Rev. Sci. Tech. Off. Int. Epiz., 18 (2), 315-342. Disponible en ligne : http://dx.doi.org/10.20506/rst.18.2.1172. (consulté le 31 mars 2022) Rushton J. (2008). – The Economics of Animal Health & Production. CAB International, Royaume-Uni. 3
Nous sommes davantage sensibilisés aux maladies animales très contagieuses, car elles peuvent avoir des répercussions sur le commerce, l’approvisionnement alimentaire, voire sur la santé humaine. De plus, en coulisse, de nombreux autres facteurs jouent un rôle dans la santé et la productivité des animaux. Parmi ceux-ci figurent des facteurs de gestion tels que la nutrition, le risque d’accidents ou de prédation ainsi que les changements environnementaux. Il faut donc dépenser de l’argent pour tenter de prévenir les pertes potentielles ou pour y répondre.
Adapté de Rushton J., Thonton P.K. & Otte M.J. (1999). : Methods of economic impact assessment. Rev. Sci. Tech. Off. Int. Epiz., 18 (2), 315 - 342. Disponible en ligne: http://dx.doi.org/10.20506/rst.18.2.1172. (consulté le 31 mars 2022) Rushton J. (2008) – Economics of Animal Health & Production. CAB International, Royaume-Uni. 3
Rushton J. (2008). – The Economics of Animal Health & Production. CAB International, United Kingdom. 4
Le bétail et les animaux aquatiques représentent, pour les humains, une source de revenus, d’aliments nutritifs, de vêtements, d’engrais, de matériaux de construction et de force de traction. Les pertes se répercutant directement sur les producteurs et les consommateurs, et indirectement sur la société dans son ensemble, il est de plus en plus important d’optimiser l’utilisation des animaux d’élevage dans l’agriculture et l’aquaculture en faisant preuve d’humanité et dans le respect de l’environnement.
Le programme GBADs doit contribuer à renforcer l’efficacité des systèmes de production animale, améliorant ainsi les moyens de subsistance, le bien-être général et la durabilité environnementale.
Les populations de bétail et d’espèces aquatiques n’ont jamais été aussi nombreuses. Or, ces animaux utilisent la terre et l’eau et influent sur la qualité de l’air.
Mt = million de tonnes
(équivalent en unités de bétail sur la base des données FAOSTAT)
Adapté de Rushton J. & Bruce M. (2016). : Using a One Health approach to assess the impact of
parasitic disease in livestock: how does it add value? Parasitology, 144 (1),
15 25.
doi:
10.1017/S0031182016000196. 5
À l’échelle mondiale, 1,3 milliard6 de personnes dépendent directement des animaux de rente pour vivre. Parmi elles, 600 millions sont de petits exploitants situés dans certains des pays les plus pauvres du monde7. La mauvaise santé des animaux dans ces pays a une incidence sur la production, exposant les éleveurs à une baisse de revenus et à une diminution de leur bien-être.
Juanita élève un troupeau de 12 ovins. Elle les vend ainsi que leur laine sur les marchés locaux.
Dans la région, une maladie très contagieuse appelée fièvre aphteuse a des répercussions négatives sur la production animale et le commerce, ce qui menace les revenus de Juanita. Le gouvernement a élaboré une stratégie de lutte contre la fièvre aphteuse, mais Juanita a d’autres préoccupations quotidiennes pour nourrir sa famille et son troupeau et les maintenir en bonne santé. Elle a besoin de soutien et de conseils supplémentaires en matière de nutrition ovine, de génétique et de lutte antiparasitaire ainsi que d’un meilleur accès aux produits et services vétérinaires.
Une aide plus ciblée de son gouvernement l’aiderait à améliorer la productivité de son troupeau et, par conséquent, les ressources et le bien-être de sa famille.
Le programme GBADs aidera les gouvernements à identifier les problèmes de santé animale ayant le plus de répercussions sur les moyens de subsistance des éleveurs.
La production animale est essentielle pour fournir un accès suffisant à des protéines de haute qualité et s’avère particulièrement importante dans les pays où la malnutrition est fréquente. Outre les pertes directes de productivité, les maladies animales sont susceptibles d’influencer la transformation des produits animaux et les procédés utilisés.
Le porc est la viande la plus consommée au monde, représentant 35%9 de la consommation totale de viande. Ces dernières années, la peste porcine africaine, une maladie mortelle des porcs, a pris une dimension critique pour la filière porcine, entraînant des pertes massives dans les cheptels avec de graves conséquences économiques. En l’absence de vaccin efficace, la maladie compromet non seulement la santé et le bien-être des animaux, mais a également des effets néfastes sur les moyens de subsistance des éleveurs et sur la sécurité alimentaire.
Les informations fournies par le programme GBADs aideront les décideurs à orienter les ressources vers les maladies animales menaçant la sécurité alimentaire des populations humaines à risque.
La moindre productivité des animaux malades accroît le besoin de ressources pour atteindre un rendement donné. Il faut donc plus d’animaux pour obtenir les mêmes résultats, ce qui nécessite en définitive davantage de terres et d’eau.
Les recherches dans le domaine de l’agriculture terrestre estiment que deux tiers des terres agricoles sont consacrées à l’élevage10; l’agriculture consomme entre 70 % et 90 % de l’eau douce de la planète11, dont un tiers est utilisé pour l’élevage12; qui est une source majeure de méthane (CH4) et indirectement d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) et de pollution locale.
Les conclusions du programme GBADs permettront de mieux gérer les ressources naturelles et contribueront indirectement à limiter les effets du système alimentaire sur le changement climatique et la dégradation environnementale.
Dans les économies rurales fondées sur l’agriculture, les femmes représentent les deux tiers des éleveurs à faible revenu13 les animaux étant souvent plus faciles à acquérir que d’autres actifs matériels et financiers14. Ils constituent une source de revenus qui aide à faire face à des dépenses spécifiques du ménage, par exemple les frais de scolarité des enfants ou les coûts médicaux, et s’avère également décisive pour leur émancipation. Cependant, les explications économiques concernant le travail de ces quelque 400 millions de femmes sont insuffisantes et leur rôle demeure méconnu.
La peste des petits ruminants (PPR) est une maladie des ovins et des caprins. Au cours des quinze dernières années, elle s’est propagée à plus de 70 pays. Elle menace désormais 80 % des ovins et des caprins à l’échelle mondiale, dont un grand nombre sont détenus par des femmes.
La maladie est très contagieuse et entraîne une forte chute de la production ainsi qu’une mortalité élevée chez les animaux. Des pertes aussi importantes ont des conséquences directes sur les revenus des ménages, réduisant considérablement les possibilités d’accès aux soins de santé et à l’éducation, et aboutissant parfois à une diminution du statut social. Une meilleure compréhension des répercussions de la PPR sur la condition des femmes peut contribuer à leur émancipation dans de nombreux pays.
L’éradication de la PPR nécessitera des efforts de grande ampleur dans les dix prochaines années. Comprendre les effets socioéconomiques de la maladie est essentiel pour promouvoir les investissements nécessaires.
Le programme GBADs examinera la possession de bétail par genre dans le monde. Il s’engage également à fournir des informations sur les données sexospécifiques disponibles
L’émergence de maladies et la réapparition de maladies animales transfrontalières majeures se sont multipliées dans les dernières décennies. Trois maladies infectieuses émergentes sur cinq chez les humains sont d’origine animale. Les maladies animales affectent également la sécurité alimentaire et la nutrition humaine dans la mesure où elles réduisent la disponibilité et l’accessibilité financière des produits animaux de qualité.
L’élevage s’inscrit dans un système économique. La nouvelle approche proposée par le programme GBADs rendra compte de ce contexte lors de l’évaluation de l’impact des maladies animales en passant d’une approche axée sur la santé animale à une approche économique.
Adapté de G T Patterson et coll., 2020
Le programme GBADs favorisera les investissements dans des mesures de surveillance et de prévention afin de gérer et de limiter les risques d’émergence de maladies provenant du bétail et des espèces d’aquaculture.
L’économie de la santé animale a traditionnellement été utilisée pour préconiser des stratégies de lutte contre des maladies spécifiques à un moment donné. Le programme GBADs vise à transformer cette approche pour prendre en considération les besoins d’investissement dans le secteur de la santé animale en fonction d’un contexte socioéconomique global. Cela permettra une allocation optimale des ressources grâce à une prise de décision fondée sur des données probantes.
Le bétail et les animaux aquatiques font partie d’un système économique. La nouvelle approche proposée par le programme GBADs rendra compte des conséquences sociales et environnementales au sens large lors de l’évaluation de l’impact des maladies animales et aidera à optimiser les ressources essentielles.
Réponse à des problèmes de santé animale spécifiques
Une maladie prend de l’importance
Une stratégie est élaborée
Une justification économique est établie
Un programme de lutte contre la maladie est lancé
Avant toute allocation de ressources
Le contexte socioéconomique est évalué
L’allocation des ressources est analysée
Les lacunes sont identifiées
Les ressources sont réaffectées en fonction des besoins
APPROCHE
Réponse à des problèmes de santé animale spécifiques
APPROCHE
Avant toute allocation de ressources
Adapté de Rushton J. (2017). : Improving the use of economics in animal health : Challenges in research, policy and education. Prev. Vet. Med., 137 (Pt B), 130 : 139. doi:10.1016/j.prevetmed.2016.11.020.15
Le programme GBADs permettra de quantifier les effets positifs et négatifs des systèmes de production animale sur la société et l’environnement, et offrira des solutions pour soutenir les petits exploitants, les entreprises et la société dans son ensemble.
Une méthodologie détaillée sera élaborée par une équipe diversifiée de chercheurs en vue de collecter des données et de produire des informations standardisées et comparables sur l’incidence économique des maladies animales. Le programme GBADs se servira également des systèmes d’information existants, tels que ceux utilisés par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) (ex. : OMSA-WAHIS, Processus PVS de l’OMSA) et par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) (ex. : FAOSTAT et EMPRES-i).
Le programme GBADs fournira des informations au niveau des exploitations et des pays.
Cheptels
Biomasse
des animaux
Investissements économiques liés aux animaux et aux infrastructures
Manque à gagner lié à la mauvaise santé des animaux
Perte de production
Dépenses
Conséquences économiques
Qui est touché dans la société
Adapté de Rushton J., Huntington B., […] & Mesenhowski S. (2021). - Roll-out of the Global Burden of Animal Diseases programme. Lancet, 397 (10279), 1045-1046. doi: 10.1016/S0140-6736(21)00189-6 16
Pourquoi avons-nous besoin de données standardisées ?
Cela permettra d’établir des comparaisons concernant l’impact des maladies dans le temps à l’échelle mondiale et entre:
À long terme, le programme GBADs vise à recueillir suffisamment de données pour pouvoir décomposer davantage l’impact des maladies, par exemple par statut socioéconomique ou au sein des ménages par genre.
Le programme GBADs appliquera sa méthodologie pour:
Le programme GBADs permettra aux décideurs dans le domaine de la santé animale :
D’établir des plans d’investissement garantissant des systèmes de santé animale adéquats.
D’allouer des ressources pour résoudre les problèmes les plus graves pour la santé et le bien-être des animaux et des humains.
D’évaluer les investissements en santé animale pour s’assurer qu’ils produisent des résultats sociétaux.
Le programme GBADs développe un moteur de connaissances pour informer les décideurs des secteurs public et privé, favoriser le changement de politiques et renforcer les stratégies afin d’améliorer la performance des systèmes de santé animale et de progresser vers la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).
Le programme GBADs contribuera à renforcer le système alimentaire pour le bien de la société et de l’environnement. Il s’agit là d’un bon exemple de mise en pratique de l’approche « Une seule santé ».
Article de la Revue scientifique et technique de l’OMSA
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Le programme GBADs bénéficie de l’aide technique et financière du Centre australien pour la recherche agricole internationale (ACIAR), de la Fondation Bill & Melinda Gates, de la Commission européenne, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Royaume-Uni (Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement) et de l’organisation Brooke.
1. Thornton P.K., Jones P.G., Owiyo T.M., Kruska R.L., Herrero M., Kristjanson P., Notenbaert A., Bekele N. & Omolo A. (2006). – Mapping climate vulnerability and poverty in Africa: report to the Department for International Development. Institut international de recherche sur l’élevage, Nairobi, Kenya, 200 pp.
2. Département des pêches et de l’aquaculture, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italie.
3. Rushton J., Thonton P.K. & Otte M.J. (1999). Methods of economic impact assessment. Rev. Sci. Tech. Off. Int. Epiz., 18 (2), 315–342. Available at: http://dx.doi.org/10.20506/rst.18.2.1172 (accessed on 31 March 2022).
4. Rushton J. (2008). – The Economics of Animal Health & Production. CAB International, United Kingdom. doi:10.1079/9781845931940.0000.
5. Rushton J. & Bruce M. (2016). Using a One Health approach to assess the impact of parasitic disease in livestock: how does it add value?. Parasitology, 144 (1), 1525. doi:10.1017/S0031182016000196.
6. Ashley S., Holden S. & Bazeley P. (1999). - Livestock in poverty-focused development. Livestock in Development, Crewkerne, Royaume-Uni.
7. Voir note de bas de page 1.
8. https://www.wfp.org/zero-hunger.
9. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) (2014) – Food Outlook biannual report on global food markets. FAO, Rome, Italie. Disponible en ligne : http://www.fao.org/3/i4136e/i4136e.pdf (consulté le 8 septembre 2021).
10. Wirsenius S., Azar C. & Berndes G. (2010). – How much land is needed for global food production under scenarios of dietary changes and livestock productivity increases in 2030? Agric. Syst., 103 (9), 621–638. doi:10.1016/j.agsy.2010.07.005.
11. Molden D., International Water Management Institute & Comprehensive Assessment of Water Management in Agriculture (programme) (éd. 2007). – Water for food, water for life: a comprehensive assessment of water management in agriculture. Earthscan, London, United Kingdom & Sterling, Virginia, États-Unis d’Amérique, 664 pp.
12. Gerbens-Leenes P.W., Mekonnen M.M. & Hoekstra A.Y. (2013). – The water footprint of poultry, pork and beef: A comparative study in different countries and production systems. Water Resour. Ind., 1–2, 25–36. doi:10.1016/j.wri.2013.03.001.
13. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) (2013). - Comprendre et intégrer les questions de genre dans les projets et programmes d’élevage. FAO, Rome, Italie, 56 pp. Disponible en ligne: http://www.fao.org/3/i3216e/i3216e.pdf (consulté le 8 septembre 2021).
14. Herrero M., Grace D., Njuki J., Johnson N., Enahoro D., Silvestri S. & Runo M.C. (2013). - The roles of livestock in developing countries. Animal, 7 (s1), 3-18. doi:10.1017/S1751731112001954.
15. Rushton J. (2017). - Improving the use of economics in animal health - Challenges in research, policy and education. Prev. Vet. Med., 137 (Pt B), 130-139. doi:10.1016/j.prevetmed.2016.11.020.
16. Rushton J., Huntington B., […] & Mesenhowski S. (2021). - Roll-out of the Global Burden of Animal Diseases programme. Lancet, 397 (10279), 1045-1046. doi: 10.1016/S0140-6736(21)00189-6.